La « Soirée 1+1 » #1 du 21 septembre dernier à l’Escale a permis au public présent (que l’on espère encore plus nombreux à la prochaine édition le vendredi 17 janvier prochain) de vivre deux moments scéniques rares dont le fil rouge était, pour les deux compagnies accueillies, de mettre en lumière des extraits de vie méconnus de deux immenses artistes : La chanteuse et compositrice Barbara et la romancière et écrivaine Marguerite Duras.
Sylvie, Barbara, Corinne, Marguerite… 2 x 2 points communs !
Premier point commun entre les deux spectacles de la soirée : l’aspect documentaire.
Sylvie Maury (Querida compagnie) accompagnée de son comparse musicien Philippe Gelda, avec sa voix envoûtante et sa belle présence, a fait revivre « Une heure avec… (la chanteuse) Barbara » à travers un jeu scénique de mise en dialogues à partir d’interviews réelles de l’artiste qu’elle a puisées dans le répertoire de l’INA, entrecoupé de reprises d’extraits de ses chansons. Un magnifique hommage, délicat et juste, qui rend justice à la modernité de la personnalité de Barbara et à sa force face aux épreuves l’existence.
Corinne Mariotto (Compagnie de la Dame), seule en scène, assistée de Muriel Bénazéraf à la mise en scène, fait revivre quant à elle toute la complexité de la personnalité de Marguerite Duras, entre implacabilité et fragilité, telle qu’elle-même la met en scène dans ses carnets et ses romans (« La cuisine de Marguerite » dont le spectacle tire son nom). Pour ce faire, elle nous accueille dans le décor de son intimité, incarnée par l’élément spatial et symbolique de sa cuisine, de l’épicentre duquel va rayonner durant le spectacle, sa relation aux autres mêlée de ses souvenirs familiaux.
Deuxième point commun : l’ambiguïté et l’intelligence propres à ces deux icônes féminines.
Si éloignées des standards actuels -ni trop belles ni lisses ni arrogantes-… et pourtant à même d’inspirer la fascination jusqu’aux générations d’aujourd’hui, ces deux artistes ont en commun de nous troubler dans nos certitudes sur l’esprit de « l’époque ».
Le troisième point commun se situe dans le talent et l’incomparable aura de leur oeuvre et de leur personnalité, magnifiées par le talent de ces deux comédiennes qui habitent littéralement leur sujet. Et le quatrième, sans doute : la musicalité qui accompagnent leur texte, la rumeur d’un barrage contre le Pacifique et celle de la Rive Gauche se sont ainsi mêlées lors de cette soirée exceptionnelle…