Entretien avec Sylvain HUC
danseur, chorégraphe, directeur artistique du BLOOM Festival
Cette édition met à l’honneur une question toute simple : Où se loge la danse ? Qu’est ce qui fait qu’à un moment cela devient de la danse ? Je pense par exemple au vendredi soir, The Gyre, de la compagnie Tumbleweed.
Cette écriture, ce spectacle part d’une action toute simple qui est la marche, marcher, voilà la chose la plus communément partagée par tous les corps. On ne peut pas faire plus universel que cela. Le fait de transférer le poids du corps d’un appui sur l’autre, le fait de sentir que la colonne vertébrale se met en mouvement… On peut en révéler la part chorégraphique, on peut en faire un spectacle de danse. Voilà. Et ils le font. Et de quelle manière ? Parce que c’est vraiment très beau, très simple, et en même temps très étonnant. Ce sera très déroutant aussi pour certains, parce que ce n’est pas la danse là où on s’attend à la voir émerger, mais pour moi, c’est précisément ce que c’est la danse.
De la même manière, Valentin Mériot, avec son solo Marathon !, parle lui d’une autre action, qui est de courir. Une course qui transforme cette action physique très simple, qui a priori aussi est quelque chose de très communément partagé, en quelque chose de plus critique.
Je pense enfin au duo Enrico Ticconi / Ginevra Panzetti qui pour le coup sont partis pour cette écriture –Ara ! Ara !– d’une pratique assez développée dans certaines régions italiennes, c’est à dire le maniement des drapeaux et tout ce que cela peut porter comme symbolique, significations, identités revendiquées pour telle ou telle chose. Là, ils se débarrassent de toute signification déterminée.
BLOOM va interroger les gens dans leur rapport à la danse. Ainsi, la proposition jeune public, une pièce que j’ai créée en 2010, c’est un Petit Chaperon Rouge.
Donc a priori, une narration, issue d’un fonds collectif de représentations quasi archétypales auxquelles on est toutes et tous très attachées, quelles que soient les cultures d’ailleurs. Cette relation entre un loup et un enfant, elle parcourt la planète dans plein de versions, et elle prend toujours la forme du conte. L’humanité se raconte de manière assez universelle cette histoire-là, cette histoire de l’altérité. Entre l’enfance vis-à-vis du monde adulte, l’humanité vis-à-vis du monde animal, la nature vis-à-vis de la culture.
Et en définitive, dans cette nouvelle version, je ne raconte pas l’histoire. Donc pour les enfants, il ne va pas s’agir de retrouver des repères stables, solides, rassurants. Je les amène ailleurs, dans des ambiances, des atmosphères, dans un rapport presque cinématographique à la danse.
Un bord de scène leur sera proposé avec les interprètes et le musicien pour mettre des mots sur leurs émotions à l’issue de la représentation.
Dans le BLOOM, il y a aussi des temps de médiation, de transmission (atelier participatif, masterclasses pro et amateur), la restitution d’un projet participatif mené avec les habitants, et des temps festifs (avec KATCROSS en formule DJ Set le samedi soir), car j’aime tout autant cette pratique sociale de la danse, vecteur de partage !